Le premier ministre,François Bayrou,et le ministre de l’économie et des finances,Eric Lombard,à l’Elysée,le 15 janvier 2025. SARAH MEYSSONNIER/REUTERS Eric Lombard,le nouveau ministre de l’économie et des finances,le reconnaît volontiers : la méthode est un peu cavalière. « C’est l’effet d’une séquence tout à fait inhabituelle dans notre vie politique »,a-t-il glissé en guise d’excuse devant les sénateurs,jeudi 16 janvier. A 23 h 30,la veille,le gouvernement avait en effet transmis au Sénat un amendement surprise destiné à être débattu dès le lendemain matin dans le cadre de l’examen du budget,sans laisser le temps à la commission des finances de l’examiner au préalable.
Or cet amendement n’a rien d’anecdotique : il prévoit de réduire de 535 millions d’euros les dépenses prévues par l’Etat en 2025 dans le cadre de la mission France 2030,qui vise à développer la compétitivité industrielle nationale. Cette entorse aux engagements de transparence et de coordination par le gouvernement est « regrettable » et « incompréhensible »,a d’emblée cinglé Jean-François Husson,sénateur de Meurthe-et-Moselle (élu Les Républicains,parti dont il a démissionné en 2024) et rapporteur général de la commission des finances.
L’élu est d’autant plus agacé qu’il avait lui-même proposé d’économiser 300 millions d’euros dans ce domaine il y a plusieurs mois – une suggestion alors repoussée par le gouvernement. « Plus de 500 millions d’euros tombés du camion à 23 h 30,c’est de la folie douce !,s’est aussi énervé le sénateur (Horizons) d’Indre-et-Loire Vincent Louault. Et c’est grave,parce que dans France 2030,on a tout le financement de la recherche. »
Il vous reste 55.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.