Vincent Bolloré obtient l’aval des actionnaires de Vivendi pour scinder le groupe et y accentuer sa mainmise

Vincent Bolloré,à Paris,le 13 mars 2024. ALAIN JOCARD / AFP Le milliardaire Vincent Bolloré met de l’ordre dans la maison familiale. Dans les étages supérieurs,il simplifie la cascade de holdings à travers lesquelles il contrôle son vaisseau amiral Bolloré SE. A la cave,il découpe en morceaux Vivendi,dont le groupe breton détient 29,9 %. Le financier a obtenu,lundi 9 décembre,l’aval des autres actionnaires lors d’une assemblée générale aux Folies-Bergère,à Paris.

Les résolutions ont été approuvées,dans l’après-midi,à la majorité requise. Trois fleurons de la communication et de la culture française,Canal+,Havas et Louis Hachette Group (Hachette Livre,Prisma Media,Lagardère Travel Retail),vont donc devenir des entités autonomes,cotées en Bourse dès le 16 décembre.

De quoi « libérer pleinement leur potentiel de développement »,assure Vivendi. Une liberté toute relative : ces entreprises seront détenues à plus de 30 % par Bolloré,chaque action Vivendi (où il restera l’éditeur de jeux Gameloft et quelques participations) donnant droit à une action Canal+,une action Havas,une action Louis Hachette Group.

Une opération « dévoyée »

La scission,évoquée pour la première fois en décembre 2023,avait enthousiasmé les investisseurs. Ce découpage,un grand classique boursier,vise à mieux valoriser des filiales jusque-là perdues au milieu du bric-à-brac de la holding. Prompts à faire leurs calculs,les analystes financiers avaient alors estimé que,mis bout à bout,les morceaux de l’empire Vivendi pourraient valoir autour de 16 milliards d’euros.

Désormais,les attentes tournent plutôt autour de 12 milliards à 13 milliards d’euros,une érosion qui reflète en partie les turbulences politiques en France. Mais pas seulement. « Nous trouvions formidable l’idée de la scission. Mais sa structuration,entachée par une multitude d’astuces destinées à arranger l’actionnaire principal,a dévoyé le projet »,déplore Andrzej Kawalec,directeur général de Moneta Asset Management,qui détient 0,6 % de Vivendi

« Il y a de beaux actifs,mais encore faut-il donner envie aux investisseurs de les garder »,ajoute le gérant,regrettant « une gouvernance perfectible » et « une communication financière minimaliste ». Et de conclure : « Nous votons contre cette opération,sans illusion car deux agences de vote très suivies par les investisseurs recommandent de l’approuver. » ISS,en particulier,juge cette scission favorable,malgré les petits arrangements de M. Bolloré.

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