Une jeune chercheuse tisse un fil de collagène humain à l’unité « Bioingénierie tissulaire » de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) de l’université de Bordeaux,le 24 juin 2024. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP « La recherche vous fait-elle toujours rêver ? » Telle était la question posée dans un amphithéâtre de l’espace Césure,à Paris le 28 novembre,par le média en ligne TheMetaNews − spécialisé dans les métiers de la recherche,il revendique 30 000 lecteurs. L’événement a apporté des réponses par divers biais : un sondage,un vote à main levée parmi la centaine de participants et surtout un jury de six jeunes chercheuses et chercheurs,sélectionnés par le média,qui ont fait passer un « grand oral » à quatre représentants institutionnels. L’ancienne ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche Sylvie Retailleau,Thierry Coulhon,président du directoire de l’Institut polytechnique de Paris,ancien conseiller de l’Elysée et ex-président du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres),le biologiste Alain Fischer,président de l’Académie des sciences,et Hélène Boulanger,présidente de l’université de Lorraine.
Il y a quelques années,poser cette question semblait incongru. Aujourd’hui,ce n’est plus tout à fait le cas. Les 700 répondants du sondage ont répondu oui à la question à seulement 55 %. Le jury a été divisé. Seuls les présents dans la salle ont été positifs à plus de 80 %. Ces résultats confirment les impressions recueillies,sous forme d’appel à témoignages,par Le Monde,le 17 janvier. « La tonalité de leurs messages a été en demi-teinte,parfois franchement sombre. Les rêves,s’ils sont exprimés,s’accompagnent souvent d’entraves »,écrivions-nous.
Au-delà des chiffres,l’événement a aussi fait sentir le décalage,voire le dialogue de sourds,entre les jeunes et leurs aînés,entre les scientifiques pas encore en poste stable et ceux en position de pouvoir.
Court-termisme des objectifs
Les questions insistaient,pour la plupart,sur les conditions de travail dans les laboratoires. « Comment simplifier les procédures administratives ? »,« Comment permettre d’avoir rapidement une situation professionnelle stable ? »,« Comment faire que les gens se sentent mieux ? »,« Comment mettre plus de diversité sociale,de genre… dans les laboratoires ? »… Elles s’accompagnaient aussi de constats sombres sur la précarité des emplois,sur le court-termisme des objectifs de recherche,sur les risques de souffrance au travail,sur la concurrence néfaste entre chercheurs… « En colère »,« dégoûté »,« choqué »,ont scandé certains intervenants.Il vous reste 55.45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.