Manifestation d’agriculteurs le 18 novembre à Nîmes (Gard). MIKAËL ANISSET / LE MIDI LIBRE / MAXPPP Des vitres brisées,un hall d’accueil détérioré et temporairement fermé,les alentours du bâtiment jonchés de fumier… A Nîmes,dans le Gard,la manifestation des agriculteurs du 27 novembre a laissé des traces dans les locaux de la Mutuelle sociale agricole (MSA),le régime de protection sociale obligatoire des professions agricoles,dont les cotisations peuvent peser jusqu’à 45 % des revenus des exploitants. En arrivant sur place,Cédric Saur,président de la mutuelle en Languedoc,visage fermé et cigarette à la main,ne peut que constater les dégâts. A l’intérieur des locaux,Hervé Finiels,le coordinateur de l’équipe d’accueil,tente encore d’évacuer l’odeur nauséabonde persistante avec des bâtons d’encens,« mais les mouches,on ne peut rien y faire ».
« Voleur. Tueur. MSA = Assassin ». Les tags ont vite été effacés,mais cette nouvelle démonstration de force a choqué le personnel,qui a dû trouver refuge à l’étage. Une cellule de prise en charge psychologique a été installée dès le lendemain. Partout en France,le personnel des MSA est aux prises directes avec la crise agricole.
L’année 2024 a été particulièrement tendue,avec des actions d’agriculteurs en colère à répétition devant les locaux,à coups de jets d’œufs sur les fenêtres ou de feux de pneus. « Nombreux parmi eux ne comprennent pas notre rôle et expriment leur colère face aux cotisations à payer,explique Frédéric Bertin,qui intervient auprès des agriculteurs en difficultés économiques. Trop souvent,on est synonyme de percepteur,de relances incessantes,mais nous ne sommes pas que ça ! D’ailleurs,quand on les accompagne,leur regard change. Mais pour ceux qui sont en difficulté et n’osent pas demander de l’aide,il y a un rejet frontal. »
« 240 dossiers très lourds »
En Languedoc,70 % des structures viticoles perdent de l’argent depuis 2020. Conséquence directe : dans les bureaux de la « Sécu agricole »,les dossiers « sensibles » se multiplient. Cette année,1 520 plans pour rééchelonner les paiements dus à la MSA ont dû être mis en place sur un total de 15 000 adhérents exploitants agricoles,en hausse de 30 % par rapport à 2023. « Ce qui ne signifie pas que les autres ne sont pas en difficulté »,souligne Frédéric Bertin. Fin 2024,« 240 dossiers très lourds »,avec risque de burn-out ou de suicide sont recensés,selon Nathalie Boughambouz,directrice adjointede la MSA Languedoc. « Ce sont des personnes pour lesquelles nous mettons en place un accompagnement spécifique. On ne les lâche pas. »Il vous reste 52.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.