La ministre de l’éducation nationale,Anne Genetet,à l’issue du conseil des ministres au Palais de l’Elysée,Paris,le 6 novembre 2024. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE » L’estocade est venu du ministre délégué à la réussite scolaire et à l’enseignement professionnel,Alexandre Portier. Interrogé,mercredi 27 novembre lors des questions au gouvernement,par le sénateur Les Républicains des Pyrénées-Atlantiques Max Brisson,l’un de ses proches,sur le premier projet de programme d’éducation à la vie affective,relationnelle et à la sexualité,le ministre a jugé que ce texte « n’est pas acceptable en l’état » et « doit être revu ». « Je m’engagerais personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles »,a-t-il affirmé – alors qu’il n’existe pas de théorie du genre,vocable utilisé comme repoussoir par un courant réactionnaire,mais des études sur le genre.
Dans la foulée,l’entourage d’Anne Genetet a indiqué à la presse que le terme « identité de genre » – utilisé pour distinguer le sexe de naissance du sentiment d’identité masculine ou féminine notamment – « ne figurera pas » dans la version définitive du programme sans donner plus d’explications. Lundi,pourtant,l’équipe de la ministre affirmait encore au Monde que « l’identité de genre fait partie des motifs de discriminations inscrits dans le code pénal ».
Selon nos informations,avant ce revirement,la direction générale de l’enseignement scolaire travaillait encore mardi sur une version qui intégrait ce terme au programme à partir de la classe de 5e dans le cadre de la lutte contre les discriminations.
« Peurs et fantasmes »
Depuis quelques jours,les pressions d’associations de droite et d’extrême droite comme SOS-Education,le Syndicat de la famille (ex- Manif pour tous) ou Parents vigilants – proche du mouvement Reconquête d’Eric Zemmour –,s’intensifient contre ce premier projet de programme consacré à l’éducation à la vie affective,relationnelle et à la sexualité.Le texte doit permettre de rendre effectives les trois séances annuelles obligatoires prévues dans la scolarité depuis une loi de 2001 et très peu appliquées. L’enjeu de santé publique,de lutte contre les LGBTphobies et les violences sexistes et sexuelles est pointé par les acteurs éducatifs,alors que près de 160 000 enfants sont victimes d’agression sexuelle et d’abus chaque année. Mais pour ces associations conservatrices,cette éducation n’a pas sa place à l’école et revient à la famille. Nombre d’entre elles contestent la distinction entre sexe et genre,parlant d’une « théorie du genre ».
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