Installation d’une pompe à chaleur chez un particulier,à Saint-Didier (Vaucluse),le 2 octobre 2023. DAMIEN MEYER / AFP Gaz,électricité,produits pétroliers : les cours de l’énergie ont beau baisser depuis 2022 sur les marchés de gros,la précarité énergétique concerne encore des millions de Français. C’est-à-dire toute personne éprouvant « dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie [pour] la satisfaction de ses besoins élémentaires,[du fait] de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat »,selon la définition légale de 2010.
Pour la quatrième année consécutive,une journée de lutte contre ce fléau sera coorganisée par une vingtaine de structures engagées dans ce domaine,mardi 12 novembre. Le propos,selon ses organisateurs,est de rendre visible une telle « injustice sociale,sanitaire et environnementale [touchant] 12 millions de personnes en France ». Ce décompte date de 2013,année d’une enquête de l’Institut national de la statistique et des études économiques. « Cette pauvreté statistique traduit peut-être aussi une forme de désintérêt politique »,critique Hélène Denise,chargée de plaidoyer « logement et climat » pour la Fondation Abbé Pierre,à l’initiative de l’événement.
« Vivre dans un logement indigne ou dégradé,mal isolé,mal ventilé,c’est vivre avec le risque d’avoir des problèmes respiratoires,d’avoir des migraines,souligne Alexandre Lagogué,directeur général des Compagnons bâtisseurs,association spécialisée dans l’aide à l’autoréhabilitation des logements. C’est vivre dans un cercle vicieux qui peut exclure socialement,qui peut aussi nuire à la santé mentale,avec du mal à se projeter. »
Mieux actualisés,certains indicateurs attestent d’un fléau persistant. Par exemple,le taux d’effort énergétique calcule la place des dépenses liées à l’énergie par rapport aux revenus. Lorsque ce taux est au moins de 8 % et qu’il concerne un ménage parmi les 30 % les plus pauvres du pays,par convention,ce ménage est considéré souffrir de précarité énergétique. Sur la base des dix dernières années,au moins un foyer sur dix se trouve toujours dans ce cas de figure. Soit environ 3,2 millions de foyers en 2022,selon les dernières données ministérielles en date – cette année-là,ils auraient été encore plus nombreux sans le « bouclier tarifaire » du gouvernement,dispositif d’aides face à la crise inflationniste.
« Sentiment de honte »
Autre indicateur : le nombre d’interventions pour impayés a dépassé le million en 2023. Si les coupures d’électricité et de gaz sont en baisse (plus de 265 000,soit – 33 % par rapport à 2019),les réductions de puissance d’électricité sont en hausse (près de 736 000,soit + 168 %),selon le médiateur national de l’énergie,autorité publique indépendante.Il vous reste 50.23% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.