Le logo de Mercedes sur un modèle F125 alimenté électriquement par une pile à combustible à hydrogène,lors de la Foire de Hanovre,en Allemagne,le 25 avril 2016. WOLFGANG RATTAY / REUTERS Mercedes ne traverse pas une tempête mais affronte déjà de sérieuses bourrasques. Le ralentissement des immatriculations européennes,qui s’accompagne du tassement des ventes de modèles électriques,mais aussi l’arrivée à maturité des constructeurs chinois sur leur marché intérieur lui imposent de procéder à de sérieux ajustements.
Le plus spectaculaire est la décision d’abaisser – pour la deuxième fois de l’année – son objectif annuel de rentabilité. Mercedes ne prévoit plus qu’une marge opérationnelle de 7,5 % à 8 % pour 2024,contre 10 % à 11 % auparavant,un objectif déjà raboté à la suite des mauvais comptes du deuxième trimestre. Selon ses dirigeants,le résultat d’exploitation sera « nettement inférieur » aux 19,7 milliards d’euros dégagés en 2023.
« Tout le monde a surestimé la part de l’électrique dans les ventes qui,pensait-on,aurait dû atteindre aujourd’hui 25 % alors qu’elle ne dépasse guère les 10 %,mais il est hors de question de renoncer à atteindre le zéro émission »,affirme au Monde Ola Källenius,le patron suédo-allemanddu constructeur de Stuttgart. Celui-ci se réjouit de « l’arrivée dans la gamme d’un nombre inhabituellement élevé de nouveaux modèles entre 2025 et 2028 ».
Cette offensive,qualifiée de « massive »,ne fera pas seulement la part belle aux véhicules à batterie. La marque allemande,qui a repoussé de 2030 à 2035 son passage au tout électrique,va accorder un sursis supplémentaire à certains de ses modèles équipés d’une motorisation thermique. Ainsi,l’emblématique berline Classe S,qui sera profondément restylée en 2026,promet d’être renouvelée en 2028 avec une version électrique et une autre,qui conservera une puissante motorisation essence.
Décalage avec la concurrence chinoise
Mercedes,qui a perdu du terrain depuis le début de l’année en Europe avec des immatriculations en recul de 1,3 %,est surtout confronté à la nouvelle donne du marché chinois,qui absorbe 36 % de sa production et représente son premier débouché mondial. Lors du troisième trimestre,la firme à l’étoile a vu ses ventes reculer de 13 %,un résultat à peine moins défavorable que celui de ses rivaux allemands. « Le problème numéro un,c’est la situation générale de l’économie chinoise qui n’est pas bien orientée »,assure M. Källenius,convaincu que la marque « est particulièrement résiliente » malgré les vents qui lui sont contraires.Ce constat fait l’impasse sur le décalage,de plus en plus manifeste,entre les marques allemandes et la concurrence chinoise. Lorsque le moteur à combustion interne était la référence pour les riches acheteurs chinois,Mercedes,BMW,Porsche et Audi incarnaient l’alpha et l’oméga du luxe automobile. Ceux-ci n’ont pas perçu à temps les progrès réalisés par les constructeurs locaux,avec lesquels ils avaient noué des coentreprises,en particulier dans certaines spécialités du numérique qui,pour les Européens,étaient largement terra incognita.
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