Dans un champ de Jatropha,en Côte d’Ivoire,qui sert à produire de l’huile utilisée dans les caraburants aériens durables - photo prise en 2008. KAMBOU SIA/AFP Ce billet est extrait de l’infolettre « Chaleur humaine »,envoyée tous les mardis à 12 h 30. Chaque semaine,le journaliste Nabil Wakim,qui anime le podcast Chaleur Humaine,répond aux questions des internautes sur le défi climatique. Vous pouvez vous inscrire gratuitement en cliquant ici.
La question de la semaine
« Bonjour,ma question concerne les options pour remplacer le fioul dans les avions. Je crois comprendre que les biocarburants ne sont pas une très bonne idée,mais est-ce que les carburants de synthèse peuvent être une bonne option ? Est-ce que cela peut remplacer durablement le pétrole ? » (Question posée par Gabriel à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr)Ma réponse : Non. Il ne faut pas compter sur les biocarburants ou sur les carburants de synthèse pour remplacer le kérosène dans les avions – ils pourront jouer un rôle pour une partie des vols,mais cela ne permettra pas d’atteindre nos objectifs climatiques. (Pour une vision globale sur l’avion et sur le climat,je vous renvoie à cet épisode de « Chaleur humaine » Faut-il arrêter de prendre l’avion ? avec la chercheuse Isabelle Laplace)
1. De quoi parle-t-on ?
Le terme que l’on utilise est celui de SAF,pour « sustainable aviation fuels » en anglais,souvent traduit par « carburants durables d’aviation ». Cela regroupe plusieurs réalités : on pense généralement aux biocarburants,issus de production agricole – un peu sur le même modèle que celui qui est utilisé pour les voitures. Ils peuvent également être produits à partir d’huile de cuisson usagée. Une autre famille regroupe les carburants de synthèse,appelés parfois e-fuels,qui sont produits en usine,par exemple en mélangeant du CO2 à de l’hydrogène.Ces SAF représentent aujourd’hui moins de 1 % des carburants au niveau mondial dans le secteur aérien. Leur avantage principal est qu’ils peuvent alimenter dès aujourd’hui des avions,en les mélangeant avec du kérosène. On intègre ainsi quelques pour-cent de ces carburants alternatifs dans le pétrole utilisé dans les avions.
2. Pourquoi ça pose problème
Bon,soyons honnêtes,il y a un certain nombre de difficultés,et penser que ces SAF vont remplacer une grande partie du pétrole dans les avions d’ici à 2050 est une illusion.Premier problème : la production de biocarburants est toute petite par rapport aux besoins. Et pour la multiplier,il faudrait,par exemple,utiliser de nombreuses terres agricoles,avec un risque de concurrence pour l’alimentation,entre autres. D’autant que d’autres secteurs de la transition vont avoir des besoins similaires (par exemple,pour produire du biogaz). Sans compter que cela risque d’avoir pour conséquence d’accélérer la déforestation,ce qui serait catastrophique en matière de bilan carbone.
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