Devant l’entrée du site de la société Wildberries après une fusillade,à Moscou,le 18 septembre 2024. ALEXANDER NEMENOV / AFP Ce mercredi 18 septembre,à travers toute la Russie,les quelque 40 000 points de retrait de Wildberries s’activaient comme d’habitude pour assurer leurs livraisons quotidiennes. Jusque dans les villages,le géant russe de l’e-commerce fait partie du décor urbain et des nouvelles habitudes commerciales des Russes avec,vingt ans après sa création,plus de dix millions de commandes par jour,en Russie et dans plusieurs ex-républiques soviétiques. Mais,ce même jour,dans l’après-midi,une fusillade a semé la panique dans le hall d’entrée du siège moscovite de Wildberries,société symbole du boom de secteur et de la nouvelle économie du pays.
Lancé par Tatiana Bakalchuk,dynamique enseignante muée en femme d’affaires,Wildberries avait commencé en 2004 loin des cercles politiques et des clans d’oligarques. L’entreprise est aujourd’hui rattrapée par la réalité des conflits d’intérêts politico-économiques et des appétits rapaces autour d’un groupe devenu trop puissant pour être laissé simplement entre les mains de sa fondatrice,désormais femme la plus riche du pays. Sa fortune est estimée à plus de 8 milliards de dollars (7,2 milliards d’euros).
Wildberries,dont la valeur des produits vendus a augmenté de 50 % en un an pour atteindre l’équivalent de 28 milliards de dollars en 2023,est aussi rattrapé par le conflit entre Tatiana Bakalchuk,48 ans,et son mari,Vladislav Bakalchuk,47 ans. Après vingt ans de vie et d’affaires communes,la naissance de sept enfants et l’émergence d’une des plus belles success stories du business russe,le couple se déchire.
Deux agents de sécurité morts,sept blessés
En instance de divorce depuis cet été,les deux époux ont publié des versions radicalement opposées sur les événements qui ont conduit au lourd bilan de la fusillade de mercredi : deux agents de sécurité morts,sept blessés,une trentaine d’interpellations dont celle du mari. Ce dernier a été inculpé,jeudi 19 septembre,pour « meurtre »,« tentative de meurtre » et « atteinte à la vie » d’un membre des forces de l’ordre,ont indiqué ses avocats.L’affaire a été ignorée par les télévisions d’Etat mais a passionné les médias indépendants,reléguant au rang de simple fait divers l’énorme explosion d’un dépôt militaire de missiles et de munitions ciblé pourtant le même jour près de Moscou par les forces ukrainiennes.
La fusillade à Wildberries est d’autant plus surprenante qu’elle a eu lieu dans le centre d’affaires installé en face du Kremlin,au cœur d’un des quartiers a priori les plus sécurisés de la capitale.
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