Dans les campagnes chinoises, le boom des maisons de retraite

Lei Fangyan (à droite) enseigne les percussions africaines dans un jardin d’enfants transformé en centre pour personnes âgées à Taiyuan,dans la province du Shanxi (nord de la Chine),le 2 juillet 2024. ADEK BERRY / AFP En cette matinée encore chaude de début septembre,les résidents de la Maison du bonheur et de l’harmonie profitent de la terrasse ombragée,tandis qu’en fond sonore les enceintes diffusent une musique traditionnelle. L’établissement situé dans le bourg de Nanjiantou,à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Pékin,n’a ouvert qu’il y a quatre ans et a traversé les années compliquées de la pandémie de Covid-19,mais ses 150 lits sont déjà occupés aux deux tiers. L’exploitant a aussi ouvert une autre maison de retraite dans un village proche. « Le marché se développe,explique Pang Qing,la directrice. La plupart du temps,les enfants ne peuvent pas être auprès de leurs parents. »

La problématique est bien identifiée en Chine : le vieillissement accéléré. Les Chinois de plus de 60 ans sont passés de 126 millions en 2000 (soit 10,2 % de population) à 280 millions en 2022 (19,8 %) et,selon les estimations de la Commission nationale de la santé,ils pourraient être 400 millions en 2035. Le rapide développement économique,couplé aux structures médicales de base du système communiste,a considérablement augmenté l’espérance de vie,qui a grimpé de 44 ans au tournant des années 1960 à 78 ans en 2021.

Dans le même temps,la transition démographique,accélérée par la politique de l’enfant unique qui a eu cours de 1980 à 2016,a fait chuter le nombre de naissances. Et celui-ci ne repart pas depuis,en raison du coût de la vie et faute de réelle politique d’accompagnement des familles. Il est donc aujourd’hui possible de trouver des foyers en pyramide inversée : quatre grands-parents,deux parents,un enfant. Pour faire face,l’Assemblée nationale populaire a commencé à discuter,mardi 10 septembre,d’un projet de loi relevant l’âge de la retraite,dont aucun détail n’a encore été rendu public.

Rompre avec l’éthique familiale

La croissance économique a déclenché un exode rural qui a principalement concerné la main-d’œuvre : les Chinois ont quitté les campagnes pour travailler en ville ou dans de nouvelles zones industrielles. Mais maintenant que leurs parents ont vieilli,ils se retrouvent face à un dilemme. La tradition voudrait en effet qu’ils gardent leurs parents âgés sous leur toit. Mais pour maintenir leur niveau de vie,financer l’éducation de leurs enfants et tenter de leur assurer un meilleur avenir,il leur est impossible de quitter ces emplois urbains pour retourner vivre à la campagne. Payer une maison de retraite apparaît donc parfois comme une solution plus évidente que de mettre l’équilibre économique du foyer en jeu. Dans la Maison du bonheur,il en coûtera autour de 2 000 yuans (255 euros) par mois.

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