Au procès des viols de Mazan, Dominique Pelicot toujours absent, l’audience s’enraye

Gisèle Pelicot à sa sortie du tribunal d’Avignon en compagnie de ses avocats,au troisième jour du procès des viols de Mazan,le 11 septembre 2024. CHRISTOPHE SIMON / AFP « Avec mon mari,tout était formidable. Ça a toujours été quelqu’un de très bien,un papa très protecteur. C’est inconcevable qu’il ait fait ça. Il nous a anéantis. » La femme en sanglots qui s’exprime,mercredi 11 septembre,devant la cour criminelle du Vaucluse,n’est pas Gisèle Pelicot. Et l’homme qui l’écoute en regardant ses pieds,dans le box des accusés,n’est pas Dominique Pelicot.

Cet homme,âgé de 63 ans,s’appelle Jean-Pierre M. Comme aux autres accusés,Dominique Pelicot lui a expliqué comment il droguait sa femme afin d’abuser d’elle et l’a invité à venir la violer lui-même. Jean-Pierre M. a toujours refusé. En revanche,il a appliqué chez lui la méthode de Dominique Pelicot,à qui il a,à son tour,proposé de violer son épouse,Cilia M.,la femme qui pleure à la barre. Entre 2015 et 2020,Dominique Pelicot s’est rendu une douzaine de fois chez les M.,alors que madame avait été droguée. C’est l’affaire dans l’affaire.

Les faits ont pris fin une nuit de juin 2020,où,manifestement pas assez droguée,Cilia M. s’était réveillée en sursaut et avait surpris un inconnu bedonnant dans sa chambre,à côté de son mari. Dominique Pelicot avait pris la fuite,Jean-Pierre M. avait tenté de broder le mensonge d’une rencontre avec un inconnu qui avait voulu voir ses sous-vêtements. « Je ne l’ai pas cru,mais de là à me douter que c’était pour des viols. Non,c’était impensable »,dit-elle,tandis que Jean-Pierre M. s’affaisse de plus en plus dans le box. Dominique Pelicot,lui,ne s’affaisse pas : il n’est pas là pour écouter le récit de cette autre femme qu’il a violée dans son sommeil.

Voilà trois jours que le « procès Pelicot » avance sans Pelicot,malade et dispensé,et que l’audience s’enraye imperceptiblement. L’interrogatoire de l’accusé de 71 ans,attendu mardi matin,puis mardi après-midi,puis mercredi,n’a cessé d’être repoussé. Dominique Pelicot a besoin de « soins adaptés »,a dit le président de la cour criminelle,Roger Arata,mercredi. L’audience devrait être suspendue jeudi.

Tant qu’il est absent,on ne peut entendre ni ses fils,David et Florian,ni son gendre,Pierre,ni son frère,Joël,qui ont beaucoup de choses à dire,ni son ex-épouse,Gisèle,qui doit revenir à la barre,ni les autres accusés,qui trépignent. Le calendrier du procès,déjà surchargé,a déraillé au premier grain de sable.

Impression de flottement

La réorganisation est un casse-tête,une légère confusion plane,certaines parties civiles,pour qui il est compliqué de se rendre à Avignon tous les jours,sont dans l’embarras : un fils de Dominique Pelicot,constatant l’absence de ce dernier,mardi,avait décidé de reprendre la route vers Paris,mais il a fait demi-tour à mi-chemin,car il était finalement question que son père soit en fait de retour mercredi matin au tribunal,ce qui n’a donc pas été le cas.

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