Philippe Houzé (au centre),président du directoire du groupe Galeries Lafayette,encadré par ses fils Guillaume (à gauche),président de la fondation Lafayette Anticipations,et Nicolas,directeur général des Galeries Lafayette,à Paris,le 5 mars 2018. JULIEN HEKIMIAN / GETTY IMAGES A 97 ans,Ginette Moulin,la matriarche des Galeries Lafayette,a raccroché les gants. « Je n’ai pas honte d’avoir hérité,j’aurais honte de ne pas transmettre »,professait la petite-fille de Théophile Bader,le cofondateur des grands magasins du boulevard Haussmann,à Paris. C’est chose faite.
Le 28 août,elle a quitté la présidence de Motier,la holding familiale,remplacée par son gendre Philippe Houzé,76 ans. En parallèle,ce dernier a confié la présidence du directoire du groupe Galeries Lafayette à son fils Nicolas et offert de nouvelles responsabilités à Guillaume Houzé,son autre fils,ainsi qu’à Arthur Lemoine,son neveu : de quoi faire monter en puissance la cinquième génération,dans sa composante toute masculine.
Ces derniers mois,nombre de dynasties entrepreneuriales françaises ont invité la jeune garde à la table du pouvoir. François Pinault,26 ans,troisième du nom,petit-fils du fondateur de Kering et fils du PDG,est entré au conseil d’administration de Christie’s,la maison d’enchères dans le giron d’Artémis,la holding familiale ; Alexandre et Frédéric,deux fils de Bernard Arnault,ont rejoint le board de LVMH. D’autres sont dans l’antichambre,comme Edouard Peugeot,associé du fonds d’investissement londonien TowerBrooke,bien placé pour succéder à son père,Robert,à la présidence de Peugeot Invest.
Fierté,sens du devoir et savoir-faire
Autant de transitions qui ont été préparées très en amont. « C’est très réducteur de voir les membres d’une famille entrepreneuriale comme des nantis nés avec une cuillère d’argent dans la bouche. Bien souvent,cette fortune n’est pas liquide et s’accompagne de lourdes responsabilités »,pointe Eric Albert,psychiatre et coach de dirigeants. « Quand le père ou la mère transmettent à leurs enfants,cela reste encore simple. Mais à partir de la troisième génération,il est indispensable de souder la famille autour d’un projet commun. »Car la transmission d’une affaire familiale,c’est beaucoup plus qu’un sceptre à prendre,c’est toute une parentèle qui doit prendre à cœur sa responsabilité d’actionnaire. Cela passe par une fierté,un sens du devoir et – si possible – un savoir-faire inoculés dès l’enfance. Pour les petits Bolloré,il y avait la balade dominicale à l’usine de batteries près de Quimper,pour les héritiers Derichebourg (déchets,sécurité,restauration…),l’excursion à la décharge avec papy ferrailleur,pour les rejetons Mulliez (Auchan,Decathlon,Leroy-Merlin…),les colonies de vacances avec la cousinade.
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