Une vue aérienne montrant des plages de sable avec des parasols à Marina di San Nicola,à Ladispoli,le 11 juillet 2024 près de Rome. ANDREAS SOLARO / AFP C’est une petite révolution,certes encore inachevée mais qui a provoqué le soulagement du gouvernement italien. Dans la soirée du mercredi 4 septembre,Rome a annoncé avoir clos son contentieux avec la Commission européenne au sujet des concessions balnéaires. Un sommet entre les trois têtes de l’exécutif italien,Giorgia Meloni et ses deux vice-premiers ministres Matteo Salvini et Antonio Tajani,a débloqué la situation. M.Salvini,le chef de la Ligue (extrême droite),ne voulait pas entendre parler d’une régulation du secteur des concessions balnéaires,pourtant patiemment négociée depuis des semaines avec Bruxelles par Raffaele Fitto,le ministre des affaires européennes et futur commissaire européen.
Depuis des années,la Commission exigeait de la transparence et de la clarté dans la gestion de ce secteur dans lequel l’Italie se démarque en Europe – plus de 6 500 concessions balnéaires dans la Péninsule,représentant près de 300 000 employés selon le ministère du travail –,avec l’obligation d’ouvrir le secteur à la concurrence.
Adoptée fin 2006,la directive « Bolkestein » sur la libéralisation des services au sein de l’Union européenne exige,en effet,la mise en place d’appels d’offres et avait fait tousser jusqu’ici plus d’un gouvernement italien,refusant de se mettre à dos le « lobby des plagistes »,particulièrement puissant dans le pays. Depuis plus d’un demi-siècle,de nombreuses concessions balnéaires italiennes se transmettent de génération en génération,dans l’opacité souvent la plus totale. L’Etat italien toucherait environ 100 millions d’euros par an de redevance de la part de ces concessions,un montant dérisoire pour un secteur qui pèse 15 milliards d’euros,selon le cabinet de conseils Nomisma.
Un long exercice d’équilibrisme
Excédée par les réticences italiennes à réguler le secteur,la Commision a lancé une procédure d’infraction contre le pays. La hache de guerre semble avoir été enterrée. « La coopération entre Rome et Bruxelles a permis de trouver un équilibre entre la nécessité d’ouvrir le marché des concessions et l’opportunité de protéger les attentes légitimes des concessionnaires actuels »,s’est félicité le palais Chigi dans un communiqué. « C’est une question ancienne et complexe qui est close »,a renchéri sur X le ministre Raffaele Fitto (Fratelli d’Italia).Pour amadouer Bruxelles,le gouvernement italien a approuvé un décret-loi qui introduit désormais l’obligation de lancer des appels d’offres d’ici juin 2027 dans l’attribution des établissements de plage. Selon cette nouvelle réglementation,les futures concessions balnéaires seront par ailleurs de cinq ans minimum et ne pourront dépasser vingt années. Le texte gouvernemental précise aussi qu’il reviendra au futur gérant d’un établissement balnéaire de rembourser le concessionnaire précédent pour la part des investissements effectués qui n’aurait pas été amortie.
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