Quel a été le niveau de vie des Français en 2022,année marquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie ? « L’inflation a connu une forte hausse,de 5,2 %,mais le revenu disponible a progressé quasiment au même rythme »,répond Michel Duée,chef du département des ressources et des conditions de vie des ménages de l’Insee,qui a publié ses données,jeudi 11 juillet. Le niveau de vie médian est ainsi resté quasi constant (– 0,1 %),pour s’établir à 2 028 euros par mois pour une personne seule.
Quant à la pauvreté et aux inégalités,« elles avaient progressé en 2021,et sont restées élevées en 2022,s’inscrivant parmi les plus hauts niveaux enregistrés depuis 2010,résume Michel Duée. La tendance est la même concernant le taux de privation matérielle et sociale. »
Ainsi,9,1 millions de personnes vivaient,en 2022,au-dessous du seuil de pauvreté monétaire,fixé à 1 216 euros par mois pour une personne seule,soit 60 % du revenu médian. Elles n’ont jamais été aussi nombreuses depuis 1996. Le taux de pauvreté a,lui,atteint 14,4 %,presque au niveau des records de la période (14,5 %,atteints en 2018 et 2021). L’emploi ne suffit pas à protéger,puisque 7,7 % de ceux qui travaillent sont en situation de pauvreté – ils sont même 18,3 % parmi les indépendants (+ 3,7 points). Les ménages les plus exposés sont les familles nombreuses(24,6 % d’entre elles)et surtout les familles monoparentales(31,4 %),même si le taux de pauvreté de ces dernières recule,du fait d’une revalorisation des aides dont elles bénéficient.
Les inégalités sont demeurées très proches de leur plus haut historique : en 2022,les 20 % les plus aisés ont perçu 4,4 fois plus de revenus que les 20 % les plus modestes. Seules les années 2011,2012 et 2021 ont été marquées par des écarts un peu supérieurs.
Difficultés de paiement des loyers contenues
Toujours selon l’Insee,le taux de privation matérielle et sociale a,quant à lui,progressé de 0,2 point début 2023,pour atteindre 13,1 %,son niveau le plus élevé en dix ans. Cet indicateur repère les personnes qui n’arrivent pas à faire face à au moins cinq dépenses de la vie courante,parmi treize. La part de celles qui n’ont pas pu manger de la viande,du poisson ou un équivalent végétarien tous les deux jours a progressé de 3 points en un an (à 12,3 %),tandis que celle des personnes qui n’ont pas pu chauffer suffisamment leur logement a augmenté de 2 points (à 11,7 %). Les difficultés de paiement des loyers ont,en revanche,été contenues,la hausse des loyers ayant été limitée en dessous de l’inflation par le gouvernement. Une autre difficulté diminue : l’impossibilité de faire face à une dépense imprévue de 1 000 euros – ce qui s’explique largement par le fait que les revenus ont augmenté avec l’inflation.Il vous reste 44.45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.