Que pourrait donner une politique de santé aux couleurs du Rassemblement national (RN) ? Depuis le début de la campagne des législatives,les prises de position se sont multipliées pour exprimer l’inquiétude des acteurs du secteur médical,et appeler à « faire barrage » à l’extrême droite.
« Nous nous engageons à protéger la santé de toutes les personnes qui le nécessitent,sans distinction,et à ne jamais renoncer à notre serment et à notre éthique »,écrivent quelque 5 000 soignants – infirmières,médecins,sages-femmes,aides-soignants,psychologues,chirurgiennes-dentistes… – dans une déclaration rendue publique vendredi 28 juin. « Nous nous alarmons particulièrement de politiques dites de “préférence nationale” qui exacerbent les inégalités et risquent de fracturer davantage notre société,menant à des conséquences désastreuses pour la santé publique et la cohésion sociale »,soutiennent-ils.
Le 22 juin,plus de 3 600 professionnels ont défendu,dans une tribune publiée par Mediapart,leur « opposition aux partis d’extrême droite et à leurs desseins mortifères pour notre République et la santé publique ». Ceux-ci « aggraverai[ent] l’état d’un système de soins et d’accompagnement médico-social fragilisé depuis déjà de nombreuses années »,alertaient-ils,appelant à « faire barrage » en votant pour le Nouveau Front populaire.
Si la consigne de vote peut faire débat dans le milieu,deux sujets cristallisent les alertes : la remise en cause de l’aide médicale d’Etat (AME) – couverture maladie destinée aux patients sans-papiers,sous condition de ressource – et la restriction de l’accueil des médecins étrangers (les Padhue,praticiens à diplôme hors Union européenne).
« Le rejet de l’étranger,la préférence nationale,qui transparaissent dans ces deux mesures,sont une constante,l’un des points fixes du programme du Rassemblement national »,relève le professeur André Grimaldi,membre d’un collectif de soignants et de patients mobilisé.
« Idéologie contraire à l’esprit du service public »
Ces derniers mois,la réforme de l’aide médicale d’Etat,envisagée par le gouvernement dans le cadre de la loi relative à l’immigration,a fait tanguer la majorité présidentielle et provoqué une levée de boucliers parmi les soignants. Une réforme à laquelle le parti présidentiel n’a cependant pas renoncé – même s’il ne l’a pas inscrite telle quelle dans son programme : le premier ministre,Gabriel Attal,a assuré dans un entretien au Figaro,le 25 juin,que,s’il restait aux manettes,il ferait évoluer ce système conformément au rapport Evin-Stefanini commandé sur le sujet.Il vous reste 39.94% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.