Les forces de sécurité saoudienne protègent de la foule un homme ayant fait un malaise à cause de la chaleur à Mina,en Arabie saoudite,le 16 juin 2024. FADEL SENNA / AFP Le retour chez eux des pèlerins ayant accompli le hadj est généralement l’occasion de célébrations avec leurs proches. Mais,cette année,des centaines de familles en Egypte,en Indonésie,au Pakistan ou en Jordanie sont endeuillées : plus de mille croyants ont péri alors qu’ils accomplissaient le pèlerinage de la Mecque,qui s’est déroulé du vendredi 14 juin au mercredi 19 juin,avec un thermomètre en surchauffe : les 50 ºC ont été dépassés,lundi.
Des drames,comme la bousculade mortelle de 2015 (plus de deux mille morts),surviennent régulièrement lors de ce grand moment religieux,qui a rassemblé plus de 1,8 million de musulmans. Le dérèglement climatique fait peser la menace de conditions extrêmes dans l’avenir.
Le décompte macabre,effectué par l’Agence France-Presse (AFP),est officieux. Il se fonde sur les chiffres donnés par les pays (plus de dix) dont sont originaires les victimes. Des diplomates ont fait part de morts dues à une insolation,à une crise cardiaque,ou de pèlerins souffrant d’hypertension artérielle. Les Egyptiens sont les plus nombreux : plus de six cents d’entre eux ont trouvé la mort au cours du pèlerinage,cinquième pilier de l’islam. Sur les réseaux sociaux égyptiens,les vidéos des cadavres recouverts de linceuls et des pèlerins en détresse accablés de chaleur ont déclenché une vague d’indignation mêlée à de l’incompréhension.
Sur les applications de messagerie,des groupes se sont mis en place entre les familles résidant en Egypte et la diaspora en Arabie saoudite. Ces réseaux d’entraide dressent des listes des personnes disparues,et des bénévoles fouillent les hôpitaux saoudiens à la recherche d’informations pour les localiser.
Risque d’exposition à un « danger extrême »
Si des cas d’« épuisement dus à la chaleur » ont été signalés au cours du hadj,Riyad garde le silence sur les morts. L’agence de presse officielle rend compte du « succès » de l’organisation du pèlerinage cette année. « Les autorités saoudiennes mettent d’ordinaire du temps pour communiquer sur le bilan des morts [lors du hadj]. Le royaume est censé être le gardien de l’islam : il juge embarrassant de ne pas pouvoir contrôler de tels incidents,qui l’exposent aux critiques des pays musulmans,dit Irfane Al-Alawi,historien et directeur exécutif de l’Islamic Heritage Research Foundation. De nombreux pèlerins se sont plaints que les services de secours ne soient pas aussi rapides que l’a affirmé le gouvernement. »La chaleur suffocante qu’ont dû endurer les participants au hadj,dont les dates varient d’une année à l’autre en fonction du calendrier lunaire musulman,s’est produite alors que,au cours des trente dernières années,La Mecque s’est déjà réchauffée de près de 2 ºC,soit bien davantage que la moyenne mondiale. Le dérèglement climatique risque d’exposer les pèlerins à un « danger extrême » dans l’avenir,lorsque le hadj aura de nouveau lieu durant les mois les plus chauds de l’été,prévenait une étude publiée en 2019 par des chercheurs américains dans Geophysical Review Letters.
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